• Le parquet








    Réécrire la nouvelle Le parquet de Claire Blanchard Thomaset, en changeant de personnage principal, en écrivant à la première personne du singulier et en ayant plus de paroles rapportées.




             
              Le téléphone se mit à sonner. Je ne dois pourtant recevoir aucun coup de fil. C'est peut-être ma fille et son mari pour me demander si je ne peux pas garder mon petit fils. Je décrochai en essayant de me souvenir quel jour je ne serais pas libre pour garder le petit Mathieu. Mais la voix que j'entendis au bout du fil était une de mes vielles amies, Léone. On se connaît depuis toujours. Avec Berthe il est vrai que beaucoup de nos anciens professeurs se sont souvenus longtemps de nous. Elle m'annonça alors que son nouveau parquet venait d'être posé et qu'elle nous invitait Berthe et moi à prendre le thé pour fêter l'événement. Cela va faire maintenant des mois qu'elle m'en parle : depuis qu'elle l'a choisi jusqu'à ce que les ouvriers viennent le poser chez elle. D'après ce que j'avais pu voir, sa belle-fille Catherine ne semblait pas aussi emballée. « Une folie ! » qu'elle disait, ce qui n'était pas du goût de Léone.
        « De quoi elle se mêle celle-là, m'avait-elle dit. Elle n'a aucun goût. ‘Une folie !'. On se demande laquelle est la plus folle. »

             
              En me rendant chez Léone, je rencontrai Berthe en chemin. Nous fîmes toutes deux la route ensemble et quand nous arrivions enfin chez notre amie, tout était préparé, le service en porcelaine fleuri était sorti, elle avait même acheté des madeleines et des gaufrettes à la vanille, mes préférés. Elle avait vraiment mis les petits plats dans les grands.
        « Attendez ! Nous dit-elle. Ne rentrez pas tout de suite ! »
    Elle alla fouiller dans son placard à chaussure pour en ressortir des patins. Qu'est-ce qu'elle voulait qu'on fasse avec ça ? Ils avaient l'air neufs et n'avaient probablement jamais servis. Elle nous les tendit en disant :
        « Mettez ça, le parquet est neuf et fragile. »
    Je la regardai incrédule, n'y croyant pas mes oreilles.
        « Non mais tu veux me tuer, ou quoi ? »
    Je passai devant elle, suivit de Berthe, sous le regard mécontent de Léone. Nous vîmes enfin le nouveau parquet. C'est vrai qu'il était beau et l'odeur du bois neuf se répandait dans toute la pièce.
        « Ah oui, ça fait joli, constata Berthe. »
    Nous nous dirigeâmes vers le canapé et Léone nous servit le thé. Celle-ci semblait un peu déçue. Nous discutâmes de tout et de rien, nous parlions du bon vieux temps mais je vis bien que Léone ne s'intéressait pas du tout à la conversation. Au bout d'un moment, je me levai pour aller refaire du thé puisque je savais que depuis quelques temps les rhumatismes de Léone la faisaient souffrir. Je sentais qu'elle me surveillait et du coin de l'œil, je la vis regarder mes souliers. Son inquiétude se lisait sur son visage et je compris que cela avait un rapport avec son parquet. Je voyais bien qu'elle avait envie de nous dire : « Attention ! Vous allez le rayer ! ». Ce qu'elle ne manqua pas de faire d'ailleurs.

             
              Plus les jours passaient et moins j'avais de nouvelles de Léone. Elle était sûrement trop occupée à « astiquer » son parquet et ne voulait pas qu'on vienne le rayer. Ca devenait une véritable obsession. J'appris alors par un de ses voisins que Jean-Pierre, le fils de Léone, et Catherine s'étaient disputés et que celui-ci était parti en claquant la porte. Léone dû recevoir son petit-fils, Benjamin, alias Le monstre, le temps que sa belle-fille se ressource. Benjamin avait sûrement apporté ses rollers d'appartement qu'il avait eus pour Noël. Ca m'étonnerait qu'elle arrive à lui faire mettre ses patins. Elle a dû réussir à trouver un moyen pour le tenir occupé et éviter qu'il ne joue sur le parquet.

             
              Il est maintenant dix-huit heure, heure de mon feuilleton favori. C'est aussi celui de Léone. Je ne sais pas si avec Benjamin elle pourra le regarder. Se serait dommage qu'elle l'aie loupé, c'était l'épisode où Scott devait demander Gina en mariage mais où celle-ci s'était faite enlever par sa sœur jumelle. Quelques jours plus tard, je reçus un coup de fil de Léone. Elle voulait s'excuser et me raconta que finalement sa belle-fille n'était pas si horrible que ça.
        « Et Jean-Pierre, dit-elle, il a bel et bien claqué la porte et se retrouve maintenant à l'autre bout de la France, avec une certaine Virginie. Une garce si tu veux mon avis. 
        -Et Benjamin, il prend ça bien ?
        -Il a l'air de l'accepter. Il m'a dit que de toute façon, ses parents n'arrêtaient pas de se disputer et que c'était mieux comme ça. Moi, quand je me disputait avec mon mari, c'était pas pour ça qu'on se séparait. »

             
              Berthe et moi retournions voir Léone et j'eus la joie de voir que ces maudits patins servaient maintenant à caler les pieds d'une vielle commode. Parfois Benjamin venait voir sa mamie-parquet, comme il aimait l'appeler et on se mettait à jouer au Mille bornes. Le parquet, lui, n'était plus aussi neuf. Il se tachait, se marquait, mais Léone s'en moquait, elle vivait maintenant, tout comme son parquet.


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